Destroy The Carto (05/06/2008)

Les plus anciens (du net ;-°)) se rappellent de temps en temps de la bulle internet du début des années 2000.

De tous ces délires (dont certains sont  allègrement recyclés dans le web 2.0) je n'ai retenu que le mot d'ordre "destroy your business" car un peu (beaucoup) d'autocritique est la base de tout hygiène intellectuelle.

En avant donc pour Destroy The Carto ;-°))

 A tout seigneur tout honneur tout honneur commençons par Francis Mizio qui nous gratifie d'une splendide couverture pour son roman d'un point de vue administratif ///

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mais dès la page 45 ça se gatte...

Le chef de projet coupa la parole au conseiller technique.
« Permettez-moi de finir, vraiment... » II envoya un sourire flagorneur, «... puisque vous brûlez les étapes. »
II se dirigea vers le paper board et empoigna une gerbe de feutres, résolu à agir comme ces consultants du privé si professionnels. Il traça des patates de couleur à l'intérieur d'une autre grosse patate.
Dans la patate rouge il écrivit en rouge bosseurs. Dans la verte, il écrivit en vert feignasses. Dans la bleue, il mit de la même couleur, crétins. Tout autour des patates de couleur, il parsema des points colorés qui donnèrent à l'ensemble un air de photographie d'atomes égarés, tels qu'en exhibent les scientifiques travaillant dans les accélérateurs de parti­cules lorsqu'ils veulent obtenir de nouveaux crédits pour traquer le quark ou le boson. Ça avait un côté confettis arrêtés sur image. Un immobile mouvement brownien. L'immobilisme étant en l'occurrence plus proche de la réalité, d'un point de vue administratif, évidemment.
« Ne faites pas attention aux couleurs, c'est juste pour la démonstration », dit-il d'un ton redevenu docte.
« La grosse patate molle et informe du dessus, vous l'avez bien sûr reconnue, c'est l'administration. » II traça avec un feutre noir des flèches qui fusèrent en tous sens, reliant les patates entre elles, certaines passant par des points isolés, d'autres en en évitant tout juste, comme à regret, au dernier moment. Son geste était sûr. On l'admirera sans doute un jour pour sa parfaite vision des techno­structures.
« Les flèches, ce sont bien évidemment les flux d'informa­tions, et surtout les indispensables circuits de décision et de validation. Les patates sont ces fameuses poches naturelles dont vous parlez si justement, monsieur le conseiller tech­nique. Ce que je dessine, c'est l'aspect, certes synthétisé, de l'administration aujourd'hui. On constate qu'il était d'ailleurs plus que temps, et vraiment nécessaire, de lancer la réforme voulue par le Premier ministre précédant le précé­dant le précédent actuel ! Regardez ce qui se passe : si une note de service part d'ici... » II suivit d'un doigt une flèche qui se faufilait d'un point à un autre, traversant tout l'immense schéma, «... si elle aboutit à une patate bosseurs, on est certain que le projet avancera. Mais imaginez qu'elle se heurte à un de ces bouchons de cérumen qui rendent l'admi­nistration sourde... ». Il désigna d'un tapotement la patate crétins sur laquelle échouait au final la flèche principale.
Il effectua une pause soigneusement calculée, puis conclut :
« Hé bien c'est fichu. C'est bloqué. Si ça aboutit chez les crétins, c'est pire que chez les feignasses... Le projet est TO-TA-LE-MENT-FI-CHU ».
Il reboucha ses feutres d'un air concentré et ajouta :
« Je sais, j'aurais dû faire une présentation powerpoint, mais je préfère les explications oldstyle ».

Bref du second degré plus vrai que nature. Il y a plein d'autres surprises dans ce roman complètement hors normes (âmes sensibles et rationnelles s'abstenir) y dont le prière d'insérer précise :

Francis Mizio travaille dans une administration ministérielle (1). Il est devenu fou, s'est rendu au distributeur de café, puis a écrit cet ouvrage, qui, d'un point de vue administratif, n'est peut-être pas seulement un roman

 

 Le blog de l'auteur dédié à l'ouvrage se trouve ici 

(1) dans le roman le héros fait des ... camemberts pour mettre en scène les statistiques du ministère.  

PS : tout ceux (et ils sont nombreux) qui ont déjà rempli une enquête de "climat social"sur leur lieu de travail se délecteront  des laborieuses et paranoïaques  tentatives d'un fonctionnaire lambda pour remplir ce questionnaire.

 

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